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Comment faire prospérer intelligemment ses placements durant l’été
L’investisseur doit-il se préparer aux mois de juillet et août comme un pilote de Canadair se prépare à «l’été de tous les dangers» ? S’il n’existe aucune vérité saisonnière, les marchés peuvent être soumis à de fortes variations durant la période estivale, quand bien même les volumes de transactions sont globalement en baisse du fait des vacances que prennent aussi les sociétés de trading?
En 2019, le CAC 40 était resté relativement stable au cours de l’été mais l’an dernier, l’indice de référence à la Bourse de Paris avait commencé le mois de juillet à 5900 points pour dépasser les 6100 en septembre, après avoir flirté avec les 6600… le 16 août ! Dès lors que faire, alors que nombre d’analystes craignent un effondrement des marchés ? Plusieurs spécialistes livrent leurs recommandations.
«Plus que jamais nous conseillons aux clients investisseurs de prendre en compte des éléments tactiques de court terme mais de les mettre aussi en perspective avec des considérations de moyen-long terme. Depuis la fin du Covid, nous sommes entrés dans une ère de volatilité économique et d’inflation plus forte, telle qu’on ne l’a jamais connue au cours des vingt dernières années», rappelle Rachid Medjaoui, directeur adjoint de la gestion chez Louvre Banque Privée. «À l’approche de l’été, on observe chez nos clients une hausse des prises de bénéfices. C’est un mouvement récurrent», observe Mohamed Ouddah, banquier privé en gestion de fortune à la Banque Palatine. «C’est en général une période propice à une sécurisation des plus-values», précise-t-il.
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Etablir une stratégie boursière?
«Quand on a un portefeuille boursier, c’est sur le long terme. Par contre, si on n’est pas en capacité d’être particulièrement attentif sur les valeurs volatiles, il est facile de prendre des précautions ligne par ligne en préparant des ordres pour se protéger», détaille Renaud Bellivier de Prin, responsable du service bourse et patrimonial chez Fortuneo. Ainsi, les sociétés telles que Fortuneo ou Eazybourse, permettent de programmer des ordres de vente ou d’achat suivant que l’action choisie atteint un plafond ou un seuil. Des ordres qui peuvent donc être passés en suivant tantôt une stratégie offensive ou défensive. «On peut également simplement positionner des alertes informatives quand certaines valeurs atteignent un certain niveau», précise Renaud Bellivier de Prin.
«Dans le contexte d’inflation qui est le nôtre aujourd’hui, et dont on ne sait comment il va évoluer, il faut particulièrement surveiller, voire, éviter, les sociétés très endettées car nous n’avons aucune visibilité sur la direction que vont prendre les taux d’intérêt», avertit Rachid Medjaoui, qui déconseille par ailleurs de se laisser tenter aujourd’hui par les petites et moyennes valeurs européennes et par «certaines valeurs chinoises qui peuvent paraître sous-évaluées, mais soumises à de plus forts aléas que ceux que nous connaissons en Europe», ajoute l?expert.
?sans négliger les comptes à terme
Parce qu’il n’y a pas que le marché boursier, et qu’il peut être par nature volatile sur de courtes périodes, Mohamed Ouddah oriente ses clients en quête de sécurité vers les comptes à terme. «Ils n’étaient plus mis en avant jusqu?à récemment. Cependant, dans le contexte économique actuel, ils reprennent des couleurs. On peut investir de façon tout à fait sécurisée avec une perspective de rendement de 3 à 4% qui est intéressante sur une période de placement à court terme», précise le banquier de la Banque Palatine, qui oriente également ses clients vers les fonds obligataires à échéance suivant une stratégie «Buy and hold» qui proposent une rémunération attractive.
Autre conseil pris auprès de Louvre Banque Privée : «Dans le contexte actuel d’inflation, si j’ai 10.000 euros à placer de façon relativement sécurisée d’ici à la rentrée pour effectuer ensuite un retrait, un placement en fonds monétaire peut s’avérer judicieux», prévient Rachid Medjaoui. En revanche, si l’horizon de placement est plus lointain, «il est préférable de favoriser les classes d’actifs plus risquées afin de se protéger contre un risque d’enracinement de l’inflation», précise-t-il. D’une manière générale, les conseillers en investissement serinent un mot d’ordre bien connu et répété maintes fois entendu : «Sans risque, la quête de rendement est compliquée mais la diversification demeure, à court terme comme à long terme, le meilleur moyen de se prémunir contre les soubresauts du marché et les vents contraires.»